Elles ont mis le feu aux poudres, ravivé nos flammes, réveillé des dragonnes endormies. Elles ont incendié nos idées reçues, aussi. Le sentiment d’urgence est là mais les braises sont prêtes : la onzième sélection de l’équipe s’appelle « Brûler » et s’enflamme pour huit artistes qui nous éclairent à la torche.
Le moment est parfait pour inaugurer une collaboration qui nous réchauffe le cœur. Ça se passe avec Bela : la plateforme en ligne qui valorise “nos” auteurs et autrices, en littérature mais aussi dans les domaines de la création sonore, de l’audiovisuel, du spectacle vivant et du multimédia. Pour cette parution et la suivante, nous aurons la chance de partager une création originale, commandée par Bela à une illustratrice sur base du mot-clé de l’équipe! En mai, c’est Aurore Vegas qui brûle ce qu’il lui plaît.
Aurore Vegas
— La sélection de Bela
Installée à Bruxelles, Aurore Vegas est illustratrice, dessinatrice de comics, organisatrice d’événements culturels mais aussi nageuse à ses heures perdues. Pour cette parution, nous avons la chance d’illustrer notre sélection avec l’une de ses créations !
→ Son site internet et sa BD "Brûler", sur le site de Bela.
Lucie Quéméner
— La sélection de Mélanie
Scénariste, illustratrice et coloriste française, Lucie Quéméner est née à Paris d’une mère chinoise et d’un père breton. Le titre de son premier roman graphique, « Baume du Tigre » (Delcourt, 2020), est inspiré de la médecine traditionnelle chinoise : un remède chauffant, qui sert à soulager les douleurs. En retraçant son histoire familiale, l’autrice raconte la difficile conciliation entre deux cultures, ce point de friction qui fait parfois des étincelles au sein des familles issues de l'immigration. Une représentation rare et intime des personnes d'origine chinoise en France, traversée par le poids de l'héritage culturel, le racisme et la quête d'émancipation féminine.
→ Ecouter Lucie Quéméner parler de son travail dans les Matins de France Culture.
Claire Bretécher x Chris Kraus
— La sélection de Morgane
Elles n’ont a priori rien en commun : d’un côté Thérèse d’Avila, religieuse espagnole du XVIème siècle racontée par Claire Bretécher (en 1979), de l’autre l’écrivaine et cinéaste américaine Chris Kraus, dans une autofiction contemporaine, au fin fond du Texas (« I love Dick », publié en 1997). Les deux héroïnes s’enflamment au contact d’un homme plus ou moins mystérieux : Dieu pour l’une, Kevin Bacon pour l’autre.
Ces histoires seraient banales si le projecteur était braqué sur lui, l’Homme. Mais ce n’est pas le cas, et c’est cette envie ardente - extase religieuse ou désir sexuel - qui vient bouleverser leur vie, en révéler les failles et leur ouvrir des perspectives qui est au centre d’un récit drôle et cruel. Thérèse et Chris, portées par la même énergie permanente, s’en saisissent pour en faire le nouveau moteur du rapport qu’elles entretiennent à leur vie intérieure, à l’écriture, à la société (patriarcale), bref à leur ouverture émotionnelle au monde.
→ « La vie passionnée de Thérèse d'Avila » de Claire Bretécher et « I love Dick » de Chris Kraus sont disponibles sur Librel.
Debby Friday
— La sélection de Flo
Théoricienne du son et musicienne, performeuse et poétesse, cinéaste et déesse punk, Debby Friday se joue des codes et des disciplines. D’origine nigériane, désormais installée à Vancouver, elle développe une œuvre incandescente et frontale dans laquelle elle brasse les thèmes du rituel et de la transformation, creuse les mécaniques du pouvoir et du désir. Bien décidée à retourner le stigmate de “la femme noire en colère” contre ses agresseurs, Debby Friday envisage la violence comme outil de résistance et d’empowerment. Résultat : ça secoue, ça réchauffe, ça soulage. C’est chaud.
→ ses recherches, performances, sons, vidéos... sont sur son site web.
Starhawk
— La sélection d'Elise
Miriam Simos, alias Starhawk, est une militante écoféministe, autrice et sorcière américaine. Installée à San Francisco, elle a su allier sa pratique spirituelle à de nombreux combats politiques, notamment pour la défense des minorités de genre, de sexe, de race et de classe. Ses ouvrages, véritables mines d’or, invitent au soulèvement global et à la défense de nos droits grâce à la sororité et la coopération. Trois d’entre eux ont été traduits en français — « Rêver l’obscur - Femmes, magie et politique », « Chroniques altermondialistes » et « Quel monde voulons-nous ? » — et sont publiés chez Cambourakis.
→ Sa page sur le site de Cambourakis
Babouillec (Hélène Nicolas)
— La sélection d'Albane
Hélène Nicolas, alias Babouillec, livre des œuvres d’une grande force poétique. Après près de 20 ans enfermée dans le silence, diagnostiquée d’un autisme dit « déficitaire », elle manie pourtant les lettres à la perfection. Autrice de plusieurs recueils dont « Algorithme éponyme » (2018) et « Rouge de soi » (2018), ses paroles sont bouleversantes et, pour reprendre ses mots, font des étincelles dans nos boîtes à penser. Le film documentaire « Dernières nouvelles du cosmos » (2016) de Julie Bertucelli lui est dédié et dresse le portrait d’une femme qui foudroie les normes et les clichés.
→ « Dernières nouvelles du cosmos » est disponible en VOD sur Tënk, la plateforme indépendante dédiée au documentaire d'auteur·ice.
Joëlle Zask
— La sélection d'Emilie
Philosophe française, traductrice, spécialiste de philosophie politique et du pragmatisme française, Joëlle Zask est une pionnière de la démocratie participative. Elle travaille, entre autres, sur les enjeux politiques des pratiques artistiques contemporaines ainsi que sur les questions liées à la crise écologique. Dans son ouvrage « Quand la forêt brûle. Penser la nouvelle catastrophe écologique », publié en 2019, elle analyse la responsabilité humaine et politique dans les mégafeux qui ravagent de plus en plus de forêts au quatre coins de la planète. Une pensée brûlante qui éveille les consciences.
→ « Quand la forêt brûle », chez Premier Parallèle.
Claire Tabouret
— La sélection de Cécile
Diplômée en arts plastiques à l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris et désormais installée à Los Angeles, Claire Tabouret fait de la peinture figurative un moyen d’engagement où le corps est le sujet central. Qu’il s’agisse de corps en confrontation, de portraits (notamment celui de l’activiste Assa Traoré en couverture du Vogue), de peuples rassemblés, de jeunes débutant·es, de migrant·es en mer et de paysages, sa peinture est animée par des patines de couches, de tissus et de coups de pinceau amples. Elle garde les traces, dans un jeu de transparence et d’opacité, qui laisse entrevoir dans ses représentations le conflit, la sexualité et le désir.
→ explorer son site internet
